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S'INFORMER

Notre position sur le travail du sexe: en faveur de la décriminalisation

Le CALACS de l’Ouest-de-l’Île supporte une position en faveur de la décriminalisation du travail du sexe, pour laquelle le mouvement canadien de défense des droits des travailleurs.euses du sexe milite depuis plus de 30 ans. Nous voulons offrir un environnement sécuritaire et adapté aux besoins de toute personne travaillant ou ayant travaillé dans cette industrie.

Définitions

La décriminalisation du travail du sexe est définie par Stella, une organisation gérée par et pour les travailleur.euses du sexe, comme « la suppression de toutes les lois pénales qui interdisent la vente, l’achat et la facilitation du travail du sexe.» [1]

Travail du sexe vs. exploitation sexuelle

La différence entre le travail du sexe et l’exploitation sexuelle est la présence du consentement. Le travail du sexe est un échange commercial consensuel de rapports sexuels entre adultes.

L’exploitation sexuelle se définit plutôt par l’action de tirer profit d’actes sexuels d’une personne, de manière illégale et non-consentie. Tout acte sexuel réalisé sans le consentement valide et éclairé d’une personne reste et restera toujours une agression sexuelle.

Ancienne position

Nous prônions autrefois une position abolitionniste qui considère le travail du sexe, dans toutes ses manifestations, comme une forme d’agression sexuelle et d’exploitation sexuelle. Cette approche était vivement critiquée par le mouvement pour les droits des travailleur·euses du sexe, comme intrinsèquement violente, ne tenant pas compte de l’éventail de réalités du sexe tarifié, stigmatisant ses travailleur·euses et contribuant à créer des conditions de travail dangereuses. Nous présentons nos excuses pour le tort que nous avons ainsi causé et sommes profondément  reconnaissant·es des efforts militants nous permettant aujourd’hui d’avancer comme organisation.

Pour lire davantage sur notre position abolitionniste antérieure et nos excuses publiques 

[1] Chez Stella. The Basics: Decriminalization of Sex Work 101, 2013.

Les conséquences de la criminalisation du travail du sexe

Ce n’est pas le travail du sexe qui est violent, mais plutôt la criminalisation et les conditions de travail dangereuses qui en découlent et exposent les travailleurs·euses du sexe au risque accru de subir des abus sans accès à une protection sociale, juridique ou policière. [1]

Quelques exemples

Au Canada, si le travail du sexe lui-même est considérée légal, toutes les activités entourant sa pratique ne le sont pas:

Par exemple, le Code criminel canadien interdit d’abord de communiquer en public à des fins de « prostitution » (art. 213 « communiquer »), ce qui entrave la pratique de négociations équitables avec les clients et oblige les travailleur·euses du sexe à parler avec les clients dans des endroits isolés et peu sûrs afin de se cacher de la police. [2] Ce type de négociation précipitée conduit à de la violence perpétrée par les clients, car le manque de temps pour se mettre d’accord sur les conditions de l’échange augmente le risque de désaccord et d’escalade agressive de la part du client. [3]

Le code pénal interdit également la gestion ou les activités commerciales liées à la « prostitution » (art. 212 « proxénétisme »), criminalisant ainsi les personnes qui réservent les clients, offrent une protection, conduisent les travailleur·euses du sexe ou fournissent un espace de travail. En exposant leurs partenaires au risque d’arrestation, les travailleur.euses du sexe se retrouvent encore plus isolés. [4]

[1] Maria Nengeh Mensah and Chris Bruckert, 10 Reasons To Fight For The Decriminalization Of Sex Work, 2012.
[2] Chez Stella. The Basics: Decriminalization of Sex Work 101, 2013.
[3]  American Civil Liberties Union. Research brief: Is Sex Work Decriminalization The Answer?, 2020, p.5
[4]  Chez Stella, op. cit.

Les bienfaits de la décriminalisation

La décriminalisation du travail du sexe représente la première étape de la reconnaissance des droits des travailleur.euses du sexe à l’autonomie, à l’égalité, à l’autodétermination et à la dignité. L’acceptation du travail du sexe en tant que travail légitime permettrait notamment à ses praticien.nes d’être protégé.es par le droit du travail, ainsi que par les réglementations en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail, d’avoir la possibilité de s’organiser collectivement, de négocier leurs conditions de travail et de travailler dans des environnements sûrs. La décriminalisation leur ouvrirait également l’accès au système judiciaire pour dénoncer les discriminations, ainsi que les abus et participerait à la lutte contre leur stigmatisation. [6] 

La mission du CALACS de l’Ouest de l’île est de lutter contre les agressions à caractère sexuel et la décriminalisation du travail du sexe est ainsi la meilleure façon de protéger les travailleur.euses du sexe.

[6]  Open Society Foundation. 10 Reasons to decriminalize sex work: a reference brief, 2015.